Dans la série "Vocations", en 1969 Pierre Dumayet s'entretient avec l'architecte Jean-Claude Bernard, qui construisait alors au Val d'Isère. Il évoque tout d'abord le paradoxe de ce projet : l'Etat, chargé de l'urbanisme, a cédé le pouvoir aux promoteurs immobiliers. Puis, il parle de la part de rêve qui parvient à se matérialiser dans l'architecture, qu'il situe près de la mégalomanie. Il définit ensuite l'architecture comme l'aménagement de l'espace au sens large, qualifie l'architecte comme un métier à multiples facettes, tente de répondre sur les motivations du choix de ce métier. Il pense d'ailleurs que les écoles d'architecture se sont trop attachées à la forme au détriment du rôle social. Enfin, il envisage l'architecte de demain comme un programmateur, au sens informatique du terme, et explique sa vision, utopique, de la ville totale.
Dans le film de Yves de Peretti de 1988 l'architecte Jean-Claude Bernard, concepteur et réalisateur du projet du Quartier de l'Horloge (3e), justifie la destruction de l'îlot Saint-Martin et fait part de ses réflexions sur l'évolution de la pensée architecturale. Les images en noir et blanc du quartier avant sa démolition et les réactions des commerçants du passage de l'Horloge viennent s'intercaler dans le montage et enrichir ce portrait.
Dans le film de Yves de Peretti de 1988 l'architecte Jean-Claude Bernard, concepteur et réalisateur du projet du Quartier de l'Horloge (3e), justifie la destruction de l'îlot Saint-Martin et fait part de ses réflexions sur l'évolution de la pensée architecturale. Les images en noir et blanc du quartier avant sa démolition et les réactions des commerçants du passage de l'Horloge viennent s'intercaler dans le montage et enrichir ce portrait.
Maquette de la 'Ville Totale', 1962-64. Vingt ans plus tard, l'architecte reprendra le concept des circulations pour le Quartier de l'Horloge mais il sera très attaché à ancrer ses bâtiments au sol.
JEAN-CLAUDE BERNARD: LA VILLE TOTALE
Écrit par Luckybiker dans '07 Seconde moitié du XXe 01.02.2009'
Le projet de ville Totale de Jean-Claude Bernard retrouve quelques unes des caractéristiques des villes anciennes, bâties en grappe sur une colline. La rupture qu'accomplit Bernard, c'est plutôt avec la ville éclatée, la ville dispersée, la ville labyrinthe, structure qui, pour lui, doit correspondre aux besoins de l'homme contemporain...
...besoin psychologique, que nous retrouvons dans les enceintes des vieilles villes, constituant même comme une règle dans l'Orient moderne. Car cette complexité ne peut être attribuée au simple hasard, mais plutôt au goût étrange de taquiner et de faire peur, de donner le frisson et de frissonner, tout en s'efforçant de se sentir caché. Besoin de défense de la cellule familiale, de protection de l'individu au sein de la communauté. Ce goût du labyrinthe se traduit par une complexité des parcours de piétons et rend les groupements spontanés pleins de charme (même au sens magique), mais mystérieux pour l'étranger.
La ville totale de Jean-Claude Bernard est donc un labyrinthe, mais un labyrinthe spatial. La ville est une grappe de bâtiments reliés les uns aux autres, s'interpénétrant, et conçue avec une profusion de sols arti¬ficiels qui en arrive à supprimer la notion d'étages, un espace public ayant fonction de rue ou de place devant se trouver idéalement à la porte de chaque logis.
La notion du bâtiment disparaît, les bâtiments étant intégrés à la masse homogène de la ville. Quant aux circulations, elles se font par "piétons mécaniques" et "motoplan". Les "piétons mécaniques" sont les circulations verticales à l'intérieur de mâts creux (). A ces circulations verticales se joint un système horizontal mécanique, le "motoplan" fonctionnant sur le principe des ascenseurs, mais dans une gaine horizontale. La répartition des marchandises se ferait également par des systèmes mécaniques équivalents.
Écrit par Luckybiker dans '07 Seconde moitié du XXe 01.02.2009'
Le projet de ville Totale de Jean-Claude Bernard retrouve quelques unes des caractéristiques des villes anciennes, bâties en grappe sur une colline. La rupture qu'accomplit Bernard, c'est plutôt avec la ville éclatée, la ville dispersée, la ville labyrinthe, structure qui, pour lui, doit correspondre aux besoins de l'homme contemporain...
...besoin psychologique, que nous retrouvons dans les enceintes des vieilles villes, constituant même comme une règle dans l'Orient moderne. Car cette complexité ne peut être attribuée au simple hasard, mais plutôt au goût étrange de taquiner et de faire peur, de donner le frisson et de frissonner, tout en s'efforçant de se sentir caché. Besoin de défense de la cellule familiale, de protection de l'individu au sein de la communauté. Ce goût du labyrinthe se traduit par une complexité des parcours de piétons et rend les groupements spontanés pleins de charme (même au sens magique), mais mystérieux pour l'étranger.
La ville totale de Jean-Claude Bernard est donc un labyrinthe, mais un labyrinthe spatial. La ville est une grappe de bâtiments reliés les uns aux autres, s'interpénétrant, et conçue avec une profusion de sols arti¬ficiels qui en arrive à supprimer la notion d'étages, un espace public ayant fonction de rue ou de place devant se trouver idéalement à la porte de chaque logis.
La notion du bâtiment disparaît, les bâtiments étant intégrés à la masse homogène de la ville. Quant aux circulations, elles se font par "piétons mécaniques" et "motoplan". Les "piétons mécaniques" sont les circulations verticales à l'intérieur de mâts creux (). A ces circulations verticales se joint un système horizontal mécanique, le "motoplan" fonctionnant sur le principe des ascenseurs, mais dans une gaine horizontale. La répartition des marchandises se ferait également par des systèmes mécaniques équivalents.
Station de ski, le Val Claret à Tignes, conçue à partir de 1965. La grande soeur du Quartier de l'Horloge: une ville nouvelle à la montagne.
NOTICE BIOGRAPHIQUE
Source: Académie d'architecture / Cité de l'architecture et du patrimoine / Archives d'architecture du XXe siècle
Jean-Claude Bernard est né le 22 juillet 1930 à Paris.
Il est reçu premier à l'ENSBA (Ecole nationnale supérieure des Beaux-Arts) en 1954 dans l'atelier Lemaresquier.
Premier Grand Prix de Rome en 1960 avec un "Centre d'affaires d'une cité capitale", il séjourne à la villa Médicis entre 1961 et 1964 et y développe une étude appelée "Essais pour une ville totale", constituée de deux volets:
- dans le premier, il puise, dans des exemples urbains de l'Italie des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, des thématiques capables d'orienter et enrichir sa réflexion sur les problématiques posées à la ville par l'accélération de l'urbanisation caractéristique de la seconde moitié du XXe siècle,
- dans le deuxième, cette réflexion est mise en forme par la présentation d'un "Schéma pour l'étude d'une ville de 600.000 habitants".
De retour en France, il entame une carrière caractérisée par la réflexion sur des problématiques urbaines et notamment par l'étude de quartiers parisiens, de villes nouvelles ou de villes en montagne.
Architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux, il est aussi urbaniste. Il est un membre actif du GIAP (Groupe international d'architecture prospective), groupe fondé notamment par Yona Friedman, Michel Ragon, Ionel Schein et Nicolas Schöffer dans les années soixante et qui veut "rassembler tous ceux, techniciens, artistes, sociologues et spécialistes divers, qui recherchent des solutions urbanistiques et architecturales nouvelles".
Dans les années 1970 et 1980 à Paris, il propose des solutions urbaines pour mieux prendre en compte le tissu urbain traditionnel.
Principaux projets et réalisations:
- concours pour l'aménagement des terrains de l'ancienne prison de la Roquette, Paris 11e;
- quartier de l'Horloge, Paris 3e, 1978-1982;
- quartier de La Haye-aux-Moines, Créteil, 1970-1972;
- ensemble d'immeubles avenue du Maine, Paris 14e;
- concours pour la réalisation du Quartier Evry-1 (7000 logements et équipements);
- concours pour l'aménagement du centre-ville, Saint-Quentin-en-Yvelines;
- concours pour l'aménagement du jardin des Halles, 1975;
- concours pour la Cité des sciences et de l’industrie, 1980;
- plan d'urbanisation de Lavachet et de Val Claret à Tignes.
Retrouver le portrait de Jean-Claude Bernard dans ‘Vocations ’ - 01/01/1969 - 01h36min23s
Nous recherchons (toujours) les documents suivants :
Cahiers du patrimoine architectural de Paris, n° 2, 1993 (article sur le quartier de l'Horloge)
Cahiers du patrimoine architectural de Paris, n° 4, 1994 ("L'Ordre et le mystère" par J.-Cl. Bernard).
"Jean-Claude Bernard, architecte", documentaire d'Yves de Peretti, production Entracte, 1988, vidéo 3/4 Umatic, couleur 10 min.
Sources: INA , Cité de l'architecture et du patrimoine, Palais de Chaillot, Utopies et avant-gardes - Blog d'architecture
Source: Académie d'architecture / Cité de l'architecture et du patrimoine / Archives d'architecture du XXe siècle
Jean-Claude Bernard est né le 22 juillet 1930 à Paris.
Il est reçu premier à l'ENSBA (Ecole nationnale supérieure des Beaux-Arts) en 1954 dans l'atelier Lemaresquier.
Premier Grand Prix de Rome en 1960 avec un "Centre d'affaires d'une cité capitale", il séjourne à la villa Médicis entre 1961 et 1964 et y développe une étude appelée "Essais pour une ville totale", constituée de deux volets:
- dans le premier, il puise, dans des exemples urbains de l'Italie des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, des thématiques capables d'orienter et enrichir sa réflexion sur les problématiques posées à la ville par l'accélération de l'urbanisation caractéristique de la seconde moitié du XXe siècle,
- dans le deuxième, cette réflexion est mise en forme par la présentation d'un "Schéma pour l'étude d'une ville de 600.000 habitants".
De retour en France, il entame une carrière caractérisée par la réflexion sur des problématiques urbaines et notamment par l'étude de quartiers parisiens, de villes nouvelles ou de villes en montagne.
Architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux, il est aussi urbaniste. Il est un membre actif du GIAP (Groupe international d'architecture prospective), groupe fondé notamment par Yona Friedman, Michel Ragon, Ionel Schein et Nicolas Schöffer dans les années soixante et qui veut "rassembler tous ceux, techniciens, artistes, sociologues et spécialistes divers, qui recherchent des solutions urbanistiques et architecturales nouvelles".
Dans les années 1970 et 1980 à Paris, il propose des solutions urbaines pour mieux prendre en compte le tissu urbain traditionnel.
Principaux projets et réalisations:
- concours pour l'aménagement des terrains de l'ancienne prison de la Roquette, Paris 11e;
- quartier de l'Horloge, Paris 3e, 1978-1982;
- quartier de La Haye-aux-Moines, Créteil, 1970-1972;
- ensemble d'immeubles avenue du Maine, Paris 14e;
- concours pour la réalisation du Quartier Evry-1 (7000 logements et équipements);
- concours pour l'aménagement du centre-ville, Saint-Quentin-en-Yvelines;
- concours pour l'aménagement du jardin des Halles, 1975;
- concours pour la Cité des sciences et de l’industrie, 1980;
- plan d'urbanisation de Lavachet et de Val Claret à Tignes.
Retrouver le portrait de Jean-Claude Bernard dans ‘Vocations ’ - 01/01/1969 - 01h36min23s
Nous recherchons (toujours) les documents suivants :
Cahiers du patrimoine architectural de Paris, n° 2, 1993 (article sur le quartier de l'Horloge)
Cahiers du patrimoine architectural de Paris, n° 4, 1994 ("L'Ordre et le mystère" par J.-Cl. Bernard).
"Jean-Claude Bernard, architecte", documentaire d'Yves de Peretti, production Entracte, 1988, vidéo 3/4 Umatic, couleur 10 min.
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Rencontre du 6 mai 2015